Le 9 décembre, j’interrogeais le Ministre de la Justice sur la problématique de la précarité menstruelle des femmes détenues.
Monsieur le ministre,
Le 27 novembre dernier, le Conseil des Femmes francophones de Belgique attirait l’attention sur les discriminations dont sont victimes les femmes au sein des prisons.Les femmes ne représentent que 4 à 5 % du total des détenu.e.s ; le CFFB relève que leur statut minoritaire les expose à des discriminations à plusieurs niveaux. Dans l’accès aux soins de santé, au travail, aux relations sociales, les femmes détenues ne sont pas les égales des détenus hommes.
Je voudrais ici insister sur une réalité spécifique des femmes en matière d’hygiène : les périodes de menstruation. L’ASBL Bruzelle, qui lutte contre la précarité menstruelle, la définit comme la difficulté ou le manque d’accès des personnes menstruées aux protections hygiéniques, et par extension, comme l’obligation de faire un choix lors de l’achat de produits de première nécessité et de renoncer, en totalité ou en partie, à l’achat de protections périodiques par manque de moyens financiers.
La précarité menstruelle est un réel problème pour les détenues. Lorsque des protections hygiéniques sont disponibles gratuitement, elles sont inadaptées ; lorsque qu’elles sont cantinables, c’est à des prix fortement majorés par rapport à leur coût à l’extérieur des murs (on parle de 6 à 66% !). Le risque étant que les détenues recourent à des stratégies d’économie pouvant se révéler dangereuses pour leur santé. En outre, l’accès à un matériel de base tel que de l’eau courante, des toilettes adaptées ou des poubelles n’est pas toujours garanti.
Monsieur le ministre, pour l’instant, c’est grâce à des associations – par exemple les asbl I.Care et Bruzelle à Bruxelles-Berkendael – que des détenues peuvent obtenir chaque mois un « kit » de protections. Leur action est tout à fait salutaire, mais il me semble qu’il revient en premier rang aux pouvoirs publics d’assurer un accès gratuit au matériel adapté et nécessaire afin de permettre aux détenues de vivre ces périodes dignement.
- Monsieur le ministre, à quel prix sont vendues les protections hygiéniques dans les différentes prisons accueillant des femmes ?
- Quel serait le budget nécessaire pour fournir aux détenues des protections gratuites et adaptées en suffisance ?
- Plus largement, quelles adaptations seraient nécessaires pour que chaque détenue ait accès au matériel de base nécessaire pour vivre dignement ses périodes de menstruation ?
- Ces considérations seront-elles prises en compte dans la construction des nouveaux établissements pénitentiaires ?
Retrouvez la réponse du ministre
Photo@Marco Chilese