Hier, dans les pages du Soir, la constitutionnaliste Anne-Emmanuelle Bourgaux regrettait que le gouvernement se prive, depuis le début de la crise du covid-19, de la délibération parlementaire :

« Paradoxalement, alors qu’elle se mène au nom de la science, la décision publique manque singulièrement d’objectivation pour les citoyens. Comment adhérer sans comprendre ? Et comment obéir sans adhérer ? En contournant systématiquement nos assemblées, l’Etat se prive du canal privilégié en démocratie représentative pour faire circuler l’information, emporter la conviction et légitimer les décisions auprès des citoyens. Ce faisant, l’Etat privilégie la soumission et la punition, au détriment de la compréhension et de l’adhésion ».

Hier encore, on apprenait que les deux chambres des Pays-Bas avaient voté une « loi corona » qui doit constituer la base juridique des prochaines mesures de lutte contre le coronavirus chez nos voisins du Nord, alors que le gouvernement néerlandais passait jusqu’ici par des ordonnances d’urgence.

La situation sanitaire est plus qu’alarmante; c’est justement en raison de cette gravité que les mesures mises en place doivent apparaître légitimes, et solides juridiquement, afin d’en renforcer l’effectivité sans prêter le flanc à des recours.

Je reste convaincue qu’en Belgique aussi, les parlementaires doivent être mobilisés dans ce cadre : nous sommes disponibles pour contribuer non seulement à asseoir juridiquement les mesures nécessaires, mais aussi à créer cette adhésion si cruciale qui pour l’instant nous échappe en partie. C’est notre responsabilité, dans l’intérêt collectif.

Photo@Martin Gillet