Le 6 janvier, j’interrogeais le Ministre de la Justice sur le suicide d’un jeune détenu à Turnhout.

​Monsieur le ministre,

J’ai été avertie ce vendredi 11 décembre 2020 qu’un jeune détenu de la prison de Turnhout aurait été retrouvé pendu dans sa cellule le matin de ce même jour. Un de plus.

Les prisons belges connaissent un taux de sur-suicide très inquiétant. Dans les prisons belges, un décès sur 3 est un suicide. Une étude de l’UGent rapporte qu’entre 2000 et 2016, 262 détenus se sont suicidés soit un taux 8 fois supérieur à ce qui est observé dans la société libre. Et ce chiffre est probablement sous-estimé car seuls les suicides déclarés comme tels par un médecin légiste sont répertoriés.

La même étude relève que les premiers mois de détention sont les plus critiques en termes de risques : 45% des suicides se produisent au cours du premier mois de détention, 23% la première semaine.

Dans sa notice 2016, l’OIP indique que les détenus se suicident davantage dans des conditions disciplinaires plus strictes, et souligne la prise en charge souvent inadéquate des tentatives de suicide : celles-ci peuvent être considérées comme des tentatives de chantage, et sont traitées davantage comme des atteintes à la sécurité que comme des appels en aide nécessitant une prise en charge spécifique. Il ne semble pas rare que le détenu soit placé en cellule nue, ou soit transféré, sans qu’un accompagnement psychologique ou psychiatrique soit assuré.

  • Monsieur le ministre, pouvez-vous me confirmer l’information concernant ce suicide à Turnhout ? Si c’est le cas, quelle prise en charge a été prévue pour les codétenus et les agents ? Qu’en est-il de la famille ?
  • Disposez-vous des chiffres de suicides dans nos prisons pour 2017 – 2020 ?
  • En 2007, l’OMS a érigé la réduction du nombre de suicides en prison comme priorité internationale. Quelles mesures de prévention sont prises en Belgique afin d’éviter que les détenus n’arrivent à cette extrémité – par exemple, quelles vérifications lors des premières semaines qui cristallisent le risque ? Quel suivi en cas d’automutilations ou de tentatives de suicide, et avons-nous des statistiques quant à ces incidents ?
  • Enfin, existe-t-il des statistiques sur les suicides post-carcéraux ?

Je vous remercie.

Retrouvez la réponse du ministre

Photo@Mak