Ce n’est pas un secret, la construction de la méga-prison de Haren se poursuit. Ce futur « village pénitentiaire » comme on le désigne parfois (c’est presque bucolique, non ?) est appelé à accueillir, à terme, tou.te.s les détenu.e.s des trois sites de la prison de Bruxelles : Saint-Gilles, Forest et Berkendael. En tout cas, c’est ce qui a toujours été annoncé. Pourtant, de façon de plus en plus insistante circule l’information que certaines parties resteraient en activité après le déménagement.

Il y a des précédents : la construction de la nouvelle prison de Marche-en-Famenne devait entraîner la fermeture des établissements de Namur, Huy et Dinant ; ces prisons sont finalement restées ouvertes. Ceci suscite bien sûr des inquiétudes en termes d’inflation carcérale, puisqu’il est largement établi que plus en construit, plus on incarcère.

J’ai donc interrogé le ministre de la Justice sur le futur de la prison de Bruxelles. J’en ai profité également pour me renseigner sur l’augmentation très rapide du nombre de places officielles à la prison de Saint-Gilles. De 579 places fin 2019, on est passé à pas moins de 840 places mi-2020… Sachant que l’État belge avait fait l’objet début 2019 d’une condamnation à régulariser la situation chronique de surpopulation carcérale à Saint-Gilles et Forest, sous peine d’astreintes, j’ai voulu savoir si la subite augmentation du nombre de places était liée à cette régularisation et comment elle s’expliquait.

  • Concernant Haren et le futur de la prison de Bruxelles, le ministre annonce un déménagement phasé dès 2022 de l’ensemble des détenu.e.s actuel.le.s, tout en entretenant un certain flou sur la fermeture définitive des installations.
  • Le ministre a également indiqué que d’ici la fin de la législature, les prisons belges compteraient pas moins de 439 places supplémentaires, sans compter les maisons de détention et de transition. Même si le ministre insiste que ce n’est là qu’un des pans de sa politique de lutte contre la surpopulation carcérale, il s’agit donc bien ici de poursuivre une approche où l’on construit davantage, qui va presque inexorablement mener à enfermer encore davantage.
  • Quant au nombre de places à Saint-Gilles, le ministre a confirmé que cette augmentation de près de 45% des places en quelques mois visait à éviter les astreintes : des cloisons séparant les sanitaires ont été ajoutées dans les cellules, afin de transformer des cellules solo (dans lesquelles vivaient donc déjà 2 détenus, de façon non conforme) en cellules doubles…

Retrouvez ma question ainsi que la réponse du ministre

Photo@la Ezwa