Le 2 février dernier, j’interrogeais le Ministre de la Justice au sujet du recours à Prison Cloud et la détention humaine.

Monsieur le ministre,

Il ne fait aucun doute qu’en termes d’hygiène, le futur complexe de Haren constituera un énorme progrès face aux infrastructures insalubres qui sont aujourd’hui le quotidien absolument indigne des détenus à la prison de Bruxelles.

Il y a quelques années, la lecture d’un article m’a fortement marquée : il était intitulé « certains détenus préfèrent les cafards de Forest à la froideur de Leuze ». Cet article mettait en exergue certains effets paradoxaux de l’utilisation de Prison Cloud qui, selon une membre de la commission de surveillance de Leuze, supprimait une part importante des relations humaines. Le mode d’interaction par messages était également pointé comme potentiellement problématique, risquant d’exacerber les tensions en cas de réponse insatisfaisante ou jugée trop lente, et vue comme déshumanisante.

Haren mise également beaucoup sur ce fonctionnement. J’ai à ce sujet quelques questions :

  1. Un bilan plus quantitatif a-t-il déjà été fait du recours à des technologies comme Prison Cloud dans les nouvelles prisons ? Comment prenez-vous en compte les enseignements des premières prisons « neuves » dans lesquelles ce système a été mis en place afin de conserver la dimension humaine et les interactions réelles entre agents et détenus et d’éviter un isolement accru ?
  2. Une formation d’un jour est visiblement prévue pour former les nouveaux détenus à l’utilisation des technologies, notamment pour cantiner ou interagir avec le personnel. Qu’est-il prévu en termes d’alphabétisation pour les nombreux détenus qui ne maîtrisent pas la lecture ou l’écriture, et en termes de formation ou accompagnement à plus long terme pour ceux qui maîtriseraient mal les technologies prévues ?

Je vous remercie

Réponse du Ministre :

Dans le cadre de la réintégration, nous devons veiller à ce que les détenus ne soient pas analphabètes en matière numérique lorsqu’ils retournent dans la société. Ces plates-formes de services peuvent les aider à développer les compétences nécessaires. De cette façon, les détenus peuvent utiliser les services mais aussi communiquer avec les travailleurs sociaux sans avoir besoin d’un tiers. Cela leur donne plus de garantie, de flexibilité et de liberté. Cela leur permet également de maintenir un contact maximal avec leurs proches. Toutes ces choses sont cruciales dans le contexte de leur réintégration.

En outre, il n’est pas question que ces plates-formes limitent les contacts humains. À Haren, on commence par les accompagnateurs de détention dont la tâche principale est d’encadrer et d’aider les détenus pendant leur processus de détention. Cela se fait essentiellement par le biais des contacts humains et de la communication. Il va sans dire que les expériences de Prison Cloud ont été prises en compte lors du développement de la plate-forme de services numériques pour les détenus. Pour donner un exemple, la nécessité de former le personnel a été prévue.

Nous avons déjà plusieurs années d’expérience avec une plate-forme de services dans certaines nouvelles prisons, comme Beveren je pense, et nous nous inspirerons de bonnes pratiques en matière de formation et d’éducation en collaboration avec les partenaires sociaux locaux. Cela se traduira par des mesures concrètes. On a aussi de bonnes expériences avec les vidéoconférences notamment de la part de prisons et on continue de le faire. Là aussi on constate qu’un grand nombre de détenus utilisent ce système. C’est une bonne chose.

Retrouvez l’intégralité du débat d’actualité sur la prison de Haren

Photo@Zoltan Janosi