Protéger et assurer les droits de toutes les femmes, même derrière les murs !

L’égalité de droits pour les femmes, effective, pour toutes les femmes sans exception, c’est ce que nous revendiquons le 8 mars.

En cette journée internationale de lutte, je mets l’accent sur des femmes souvent oubliées car volontairement mises à la marge de la société et cachées derrière des murs : les femmes détenues.

Elles sont environ 500 en Belgique. Au sein d’une catégorie de population déjà largement délaissée en matière de droits, les femmes, qui ne représentent que 4 à 5 % des personnes incarcérées, sont encore minorisées et invisibilisées. C’est même le cas d’un point de vue géographique : les prisons détenant des femmes ne sont qu’1/4 des établissements, il y a donc souvent un éloignement important d’avec les proches – alors même que les femmes incarcérées peuvent déjà moins compter sur leur entourage. Et au sein de ces établissements, les quartiers pour femmes sont souvent placés à l’écart, avec peu d’espace de mouvement, une sensation d’étouffement.

Les femmes détenues présentent des besoins spécifiques. Nombre d’entre elles ont un passé empreint de violences intrafamiliales, sexuelles, domestiques ou sociales, ce qui ne fait pas l’objet d’un dépistage ni d’un suivi particulier dans les murs. Les violences peuvent souvent se poursuivre à l’intérieur de la prison. L’accès aux soins de santé gynécologiques en suffisance et dans de bonnes conditions de confidentialité, à une contraception adéquate, à des dépistages nécessaires, aux moyens de vivre les périodes de menstruation dans la dignité, ne sont pas toujours assurés.

En matière d’activités, d’emploi et de formation, ce qui est proposé aux détenues est souvent stéréotypé, les femmes se trouvant cantonnées au rôle social stéréotypé que la société patriarcale leur prête encore aujourd’hui (esthétique, cuisine, couture, blanchisserie etc…). Et de manière générale, les stéréotypes sur le « profil » ou la « différence » des femmes détenues sont légion.

Ceci ne sont que quelques uns des constats qui ressortent de la recherche portant sur les femmes détenues – mais souvent de la recherche menée à l’étranger ou d’études datant déjà de plusieurs années.

Nous avons besoin de plus de données et mener plus de recherches pour mieux connaître la situation des femmes incarcérées en Belgique, afin de pouvoir proposer dans un deuxième temps des modifications législatives permettant de mieux assurer leurs droits.

Les choses bougent déjà ! Le GREPEC et le SIEJ de l’ Université Saint-Louis – Bruxelles organisaient ce 3 mars un séminaire absolument passionnant intitulé « Les femmes incarcérées dans les prisons belges : état des lieux de la recherche et du plaidoyer ».

J’ai pu y présenter un texte parlementaire que je viens de déposer à la Chambre des représentants, et le travail très collaboratif avec plusieurs parties prenantes qui a permis de le rédiger. Dans ce texte, je demande au Gouvernement :

  • de financer des études sur divers aspects touchant les femmes en prison, afin de mieux connaître leurs besoins et leurs réalités
  • d’assurer la formation des membres du personnel aux besoins spécifiques des femmes, afin de garantir un encadrement respectueux
  • de garantir aux chercheuses et aux chercheurs travaillant dans ces matières l’accès aux établissements pénitentiaires et aux données, ce qui n’est pas toujours évident à l’heure actuelle.

Un très sincère merci aux femmes détenues déjà rencontrées à Marche, Mons, Berkendael, lors de la préparation du texte et qui ont bien voulu nous confier un petit morceau de leur quotidien.

Et merci aux femmes formidables grâce auxquelles ce travail avance : Caroline Wyns, Olivia Nederlandt, Vinciane Saliez, Veronica Martinez, BruZelle, Diane Bernard, Gwenola Ricordeau, Aurore Vanliefde, Séverine de Laveleye, Corinne Rostaing, Marion Guémas et bien d’autres !

Retrouvez la proposition de résolution ainsi que l’ensemble des propositions dont je suis autrice