Hier, j’interrogeais le ministre de la Justice au sujet des poursuites contre des activistes de Greenpeace.

Monsieur le ministre,

Une action directe non-violente et pacifiste a été menée le 29 avril dernier par des activistes de Greenpeace. L’action visait le terminal de Fluxys dans le cadre d’une campagne visant à attirer l’attention sur la responsabilité des entreprises d’énergies fossiles dans la crise climatique. Elle n’a occasionné aucun dégât ni dégradation.

Après une arrestation judiciaire de 48h, 14 activistes sont cités à comparaître le 7 juin et risquent jusqu’à 5 ans de prison.

Ceci s’inscrit dans une tendance inquiétante qui se dessine ces dernières années à décrédibiliser mais surtout à pénaliser l’action directe ou l’action collective. Le directeur de la LDH et le président de la FGTB signaient il y a quelques jours une tribune dans laquelle ils dénoncent « la lignée des atteintes au droit de grève et au droit d’action collective observées depuis plusieurs années », au vu des interventions policières pour lever les piquets de grève Delhaize ou des ordonnances interdisant ces piquets.

Lorsque des activistes mènent – en dernier recours – des actions directes pacifistes afin de protéger le droit à la vie, à la santé, à un environnement sain ; lorsque les moyens d’action du droit de grève mis en œuvre par les travailleuses et travailleurs pour protéger leurs droits sociaux sont visés ; nous avons toutes et tous à y perdre.

Monsieur le ministre, je ne vous demande bien sûr pas de commenter des décisions de justice rendues ou une affaire en cours. Mais cette évolution est inquiétante pour la société au regard des droits essentiels qui s’en voient diminués ou fragilisés, et doit nous interpeller en tant que législateur.

  • Les contre-pouvoirs sont essentiels à la démocratie. Pensez-vous qu’il est crucial de préserver la possibilité de telles actions collectives dans un objectif de défense des droits fondamentaux ?
  • La poursuite d’activistes n’ayant commis aucune dégradation fait-elle partie des priorités en matière de politique criminelle ?
  • N’est-il pas pertinent de réfléchir à des modifications législatives visant à consolider légalement le droit de grève (on pense à l’art. 406 du Code pénal) et de rassurer la société civile sur la préservation du droit à manifester pacifiquement et à porter des revendications collectives non violentes ?

Retrouvez l’ensemble des questions jointes ainsi que la réponse du ministre

Photo@Luke Ashley