Le 26 octobre dernier, j’ai été l’invitée de l’émission Déclic sur La Première pour évoquer l’attentat du 16 octobre et le contexte plus large de la justice belge.

J’ai commencé par souligner l’importance cruciale des enquêtes en cours, tant au parquet de Bruxelles qu’au Conseil supérieur de la Justice, afin de faire toute la lumière sur le traitement du dossier. Dans mon intervention, j’ai tenu à rappeler que des erreurs peuvent survenir dans n’importe quel milieu professionnel, et d’autant plus dans un contexte de surcharge de travail. Cependant, il est primordial d’avoir des systèmes de contrôle efficaces pour détecter ces erreurs à temps et éviter des conséquences aussi irréparables.

Inévitablement, l’attentat a également remis à l’avant-plan la question plus générale de l’état de la justice. Pour moi, cette question appelle des réponses sur 3 plans : les moyens, les priorités et l’attractivité.

Depuis 3 ans, le gouvernement Vivaldi a réinvesti significativement dans la justice, et les efforts doivent continuer. Il faut enfin concrétiser la digitalisation, il faut remplir les cadres légaux, et en l’occurrence le ministre s’est engagé à augmenter les ressources au parquet de Bruxelles. Il est crucial de garantir que les magistrats disposent des moyens nécessaires pour mener à bien leur mission.

Il s’agit également de concentrer les moyens sur les bonnes priorités, dans toute la chaîne pénale. Le parquet de Bruxelles avait il y a quelques mois indiqué qu’il envisageait de suspendre l’application des interdictions temporaires de résidence, qui sont pourtant un levier important dans la lutte contre les violences intrafamiliales dont le gouvernement a fait une priorité. Des affaires importantes de criminalité économique et financière sontbien trop souvent mises au frigo par manque de ressources. Pourtant, outre son importance cruciale pour la société, la lutte contre ce type de criminalité rapporte aux caisses de l’État ! Nous ne pouvons pas nous résoudre à ce que les contraintes budgétaires opèrent un pareil tri dans les dossiers.

Enfin, on pourra ouvrir tous les postes du monde, il faut encore que des candidat.e.s aient envie de postuler. Et pour cela, il faut rendre à nouveau la justice attractive comme environnement de travail. Cela passe bien sûr par de bonnes conditions de travail, du matériel performant, etc. Mais je crois que cela passe aussi par un respect restauré de la justice dans son rôle de troisième pouvoir. Lorsqu’un gouvernement s’assied sur des milliers de décisions de justice, l’équilibre des pouvoirs est rompu et la démocratie est fragilisée. C’est dans l’intérêt de toute la société que de pouvoir compter sur une justice forte, indépendante, efficace et accessible.

Rediffusion de l’émission disponible : ici.