Mercredi dernier, j’interrogeais le ministre de la Justice au sujet du dispositif de la police de Liège pour lutter contre le harcèlement de rue.
Monsieur le ministre, la presse relayait ce 9 mai une initiative de la police de Liège visant à lutter contre le harcèlement de rue. Dans ce dispositif, une policière habillée en civil se promène dans l’espace public et verbalise les comportements sexistes en rue. Ceci aurait déjà permis de dresser 51 PV.
Sur le principe, évidemment, des initiatives visant à rendre l’espace public plus sécurisant pour les femmes peuvent être utiles et doivent être menées, pour autant qu’elles ne soient pas basées sur des préjugés, et qu’elles ne visent pas certains quartiers ou certaines catégories de la population. Il paraît aussi important que le bien-être des policières chargées de ce rôle soit assuré, car être harcelée pendant des heures n’est pas anodin.
Mais si je vous interroge, c’est parce que la façon dont le dispositif était décrit dans la presse était tout à fait interpellante à mon sens. Un parallèle était fait avec des dispositifs d’appâts pour contrer les vols de vélos ou de voitures, pour lesquels il faut s’assurer qu’il n’y a pas d’incitation au délit. Le porte-parole de la police de Liège expliquait ainsi que le parquet de Liège devait approuver le dispositif et valider la tenue de la policière à chaque opération, pour s’assurer qu’elle soit, je cite, « vêtue correctement et pas de manière aguicheuse, plutôt en pantalon donc », et éviter ainsi toute incitation au harcèlement.
Il faudrait visiblement comprendre que porter une jupe ou un short, par exemple, et non un pantalon, serait une tenue non correcte, aguicheuse, ou pourrait être constitutif d’incitation au harcèlement. Ceci serait très inquiétant pour l’utilité réelle du dispositif, si l’on considère que la tenue d’une personne peut lui faire porter une part de responsabilité dans le harcèlement qu’elle pourrait subir. Dans ce cas ce n’est pas vraiment de la lutte contre le harcèlement.
Voici donc mes questions.
- Pouvez-vous confirmer que ce que la presse rapporte sur ce dispositif correspond à ce qui est mis en place ? Si c’est le cas, pouvez-vous préciser le rôle du parquet de Liège dans ce dispositif ? Pourquoi la validation de la tenue de la policière par le parquet à chaque opération serait-elle nécessaire pour assurer la légalité du dispositif?
- Si les propos relayés sont exacts, quelle initiative comptez-vous prendre pour rappeler que, dans ce cas-ci comme pour toute forme de violence sexuelle ou sexiste, la façon dont la victime est vêtue ne peut en aucun cas être considérée comme une incitation à l’infraction ou rendre la victime partiellement responsable du harcèlement qu’elle a subi? Je vous remercie.
Retrouvez la réponse du ministre
Photo@gendarmeke